
En avril 1940, Whisenand a été appelé au service actif et, pendant les quatre années suivantes, il a occupé divers postes de pilote et d’ingénieur aux États-Unis. En 1945, Whisenand a été invité à servir en tant que chef d’état-major de la Dixième Force aérienne. Après la guerre, jusqu’en 1946, il a travaillé en tant que membre de l’enquête sur le bombardement stratégique basée à Tokyo, au Japon. De 1946 à 1950, Whisenand a été membre du corps enseignant à l’Air War College. En 1950, il a été affecté au Bureau du Directeur des Plans, chef adjoint d’état-major pour les opérations, à l’état-major de l’USAF, où il est resté pendant les quatre années suivantes. En 1954, Whisenand a accepté le commandement de la 388e Escadre de chasse-bombardement à la base aérienne de Clovis, au Nouveau-Mexique. Plus tard, il a supervisé le transfert de cette escadre vers sa nouvelle base à Etain, en France. En 1955, il est devenu commandant de la 49e Division aérienne, basée au Royaume-Uni.
Pour le 388th FBW, les ennuis ne s’arrêtent pas là. Après la débâcle au-dessus de l’Atlantique Nord, il va connaître nombre de problèmes sur la base d’Étain elle-même. En effet, l’infrastructure laisse largement à désirer, obligeant les hommes à vivre et travailler dans des conditions précaires. Une nouvelle fois, le général Whisenand remet les choses au point dans un rapport détaillé à l’attention du commandant de la 12th AF qui, avec le recul, nous donne un aperçu intéressant de ce qui se passait effectivement à Etain au cours de l’année 1955, en attendant les escadrons volants.
Voici son rapport traduit en français:
“Le gaspillage de l’argent du contribuable américain dans la construction de la base d’Etain est des plus flagrants. Les relations complexes qui existent entre les entrepreneurs français, les Ponts et Chaussées, le préfet et le sous-préfet du département, la mission française de liaison, l’Otan et l’USAFE, ne permettent pas de régler la situation au niveau européen. Ici, en France, le commandant américain d’une base aérienne n’a aucun pouvoir sur les entreprises travaillant sur la plate-forme, contrairement aux Etats-Unis. C’est pourquoi je souhaite évoquer quelques points de détail qui montrent très bien que l’argent du gouvernement US est quelque peu dilapidé dans cette affaire, en regard des délais de livraison et des standards habituels non respectés:
- le sol des bâtiments de stockage s’est déjà affaissé avant même que l’on y entrepose du matériel lourd ;
- les murs et les sols de l’ensemble des bâtiments construits commencent à présenter de larges fissures;
- les soubassements, soi-disant étanches, prennent tous l’eau sans exception;
- les tuyauteries fixées aux murs pendouillent lamentablement ;
Pratiquement toutes les portes de tous les bâtiments sont à démonter et à remettre en place avec de nouvelles attaches. le réseau routier de la base n’est qu’un océan de boue et l’entrepreneur refuse de remblayer les trous et ornières causés par ses propres véhicules de chantier. Des secteurs entiers de la base ont récemment été privés d’eau chaude pendant cinq jours consécutifs et d’eau froide durant deux jours, à cause de pompes d’alimentation défectueuses et de conduites brisées ou bouchées. Il y a déjà eu treize interruptions de courant sur la base et les générateurs de secours ne sont pas encore installés. Ainsi, le soir de Noël, j’avais 1 100 hommes à Etain, sans chauffage et sans électricité. la section de voie ferrée qui dessert la base, élément essentiel à la bonne marche d’une unité opérationnelle, devrait être terminée en décembre 1954. A l’heure actuelle, étant donné l’état d’avancement des travaux, j’estime qu’elle ne sera guère prête avant juillet 1955.
Je constate aujourd’hui que le 388th FBW, incapable d’opérer à partir de son terrain et a perdu une partie de sa capacité offensive et que le capital investi dans cette escadre et son matériel, estimé à 40 millions de dollars, n’a pas eu les résultats escomptés, eu égard aux pratiques des entrepreneurs en vigueur dans ce pays. A terme. l’USAF risque de perdre un certain nombre de techniciens et autres spécialistes qui ont du mal à accepter les conditions de vie qui leur sont imposées dans l’exercice de leur devoir, loin de leur patrie”

Comme on peut le constater, les débuts à Etain sont laborieux. Le scandale éclatera d’ailleurs au grand jour, mais un peu plus tard. En tout état de cause, les autres bases US en France n’étaient pas mieux loties.