Archives de catégorie : Historique de la base Etain-Rouves.

1939: Arrivée des Groupes de Reconnaissance II/22 et II/33

Le Groupe de Reconnaissance (GR) II/22

Le Groupe de Reconnaissance (GR) II/22 trouve ses origines dans le 2e groupe du 22e régiment d’aviation de bombardement. Les escadrilles de ce régiment avaient hérité des insignes et des traditions des escadrilles de la Grande Guerre, CAP-115 et CAP-130. En 1935, le groupe était équipé d’Amiot 143 et participa à une croisière aérienne en Méditerranée sous les ordres des commandants Fernand Alamichel et Cappart. En 1936, il fut basé à Orléans-Bricy avec l’ensemble de la 22e escadre.

En 1938, à la suite d’une réorganisation de l’armée de l’Air, le GR II/22 devint une formation de reconnaissance stratégique et reçut des Bloch MB 131 en octobre.

Avec le début de la Seconde Guerre mondiale, sous le commandement du commandant Barruet, le groupe quitta la base de Bricy pour les terrains de Saconin puis Rouvres, où il fut placé sous la responsabilité des forces aériennes de la IIIe armée terrestre.

Le 27 août 1939, le 2ème GR II/33 quitta Nancy pour Rouvres près d’Étain, sous la direction du Commandant Schunk. Cependant, il ne resta sur le terrain que quatre jours avant de rejoindre le terrain de Soissons-Saconin dans l’Aisne, marquant le début de six années d’errance. Ce deuxième groupe fut alors connu sous le nom de « 2/33 », adoptant la croix de Lorraine comme insigne pour rappeler son long séjour à Nancy, montée avec les deux insignes d’escadrille. Le GR II/33 quitta la base aérienne de Rouvres pour rejoindre le terrain de Saconin à 8 km de Soissons le 31 août 1939 à 17 heures.

Le 28 août 1939, la 3ème escadrille, la « Hache », commandée par le capitaine Laux, reçut l’ordre de quitter le terrain de Nancy-Essey pour celui d’Étain-Rouvres, suivi dès le 31 août d’un nouveau déplacement sur le terrain de Soissons-Saconin.

Pour le GR II/22, les missions opérationnelles commencèrent le 1er septembre 1939. Le lieutenant Victor Ancet, observateur au GR II/22 avec un Bloch MB131 n°88, effectua une mission de liaison vers le terrain de Rouvres, décollant de Soissons-Saconin.

le 5 septembre 1939 et se poursuivirent au cours des journées suivantes. Le 21 du même mois, le II/22 s’envola de Rouvres pour rejoindre par la suite le terrain de Metz-Frescaty (57) où il commença à se transformer sur Potez 63.11.

Le 17 septembre 1939, les Bloch 131 n°86 du GR II/22 décollant de la base de Rouvres et n°100 du GR I/22 de Chatel-Chéhéry sont envoyés sur le front de la Sarre pour effectuer des reconnaissances dans la région de Stenay-Sierck-Metz. Le n° 86 est attaqué par le 5 Bf 109 E du I./JG 53 au-dessus de Morsbach et abattu à 17h23 par le Hptm Erich Mix et l’Oblt Winfried Balfanz du Stab I./JG 53. La victoire a été attribuée à ce dernier comme sa première mise à mort. L’autre Bloch réussit à s’échapper.

Le Bloch 131 n°86 s’est écrasé en flammes à Rosbruck, près de Morsbach, et a glissé sur le sol avant de percuter des arbres. L’observateur, le sous-lieutenant Paul Antoine Jean Capdeville, et le mitrailleur de l’air, l’adjudant René Emile Louis Saron, sont mortellement blessés, tous deux mourant à Morhange des suites de leurs blessures, le même jour pour Saron et le lendemain pour Capdeville, tandis que le commandant, le lieutenant Rousset, et le pilote, le sous-lieutenant Leroy, sont blessés.

Après cette perte, il fut ordonné le 18 septembre que les Bloch MB.131 ne soient plus utilisés pour les reconnaissances de jour, mais seulement de nuit.

Le terrain fut rapidement laissé au 73th Squadron de la Royal Air Force (Royaume-Uni) en octobre de la même année, dans le cadre de la Force de frappe aérienne avancée venant de la presqu’île de Cherbourg.

Le 1er mars 1940, deux Potez 63 du Groupe Aérien d’Observation GAO II/506 atterrirent sur la piste de la base car leur propre aérodrome situé à Buzy était impraticable. Le lendemain, Cobber Kain fut pris en chasse par six Me 109. Son avion fut touché et il dut poser en urgence sur l’aérodrome de Metz. Sur la base, le personnel de garde devait désormais porter en permanence le casque lourd et un masque à gaz.

Sources :

  • Archives salle d’Honneur du 3e RHC.
  • Site: passionair1940.fr (Accident Bloch MB.131 86, aviation-safety.net)
  • Extrait-Journal-Victor ANCET-Septembre 1939 par Pascal Poly.
  • Photos: Bloch MB.131 — avionslegendaires.net et image perso.

1934-1937, Construction de la base « Etain-Rouvres »

Construction de la Base « Etain-Rouvres » (1934-1937)

Même si certains éléments suggèrent que la base (ou le terrain) aurait pu être utilisée avant 1936, nous nous concentrerons d’abord sur les informations officielles dont nous disposons.

Ce lieu, principal parmi les six terrains implantés dans la région (Conflans-Doncourt, Chambley-Hagéville, Mars-la-Tour, Senon-Spincourt, Etain-Buzy), fut officiellement dénommé « terrain d’aviation de Rouvres » en 1936.

Les archives fournissent les informations suivantes :

  1. Décret du 15 juin 1934 : Ce décret autorisait la prise de possession pour cause d’utilité publique de divers immeubles situés sur le territoire de la commune de Rouvres, nécessaires à la création du terrain d’aviation de Etain-Rouvres. Cette information a été confirmée par le ministère de l’Agriculture le 14 février 1952, précisant que l’ancien camp créé en 1934 couvrait une superficie de 115 hectares.
  2. Jugements de consignations : Des jugements ont été prononcés par le Tribunal de Première Instance de Verdun en fonction des sommes établies sur la valeur des terrains et des prix liés aux productions agricoles (maïs, blé, fourrage, etc.).
  3. Déclarations de versements : On peut lire, par exemple, la déclaration du 12 décembre 1935, indiquant le versement au Trésorier Payeur Général de Bar-le-Duc d’une somme de 239 552 francs 52 centimes à titre de consignation des indemnités provisionnelles de dépossession des terrains situés sur le territoire de la commune de Rouvres.
  4. Citations devant la Commission arbitrale : En 1936 et 1937, des citations devant la Commission arbitrale d’évaluation ont été faites, confirmant que les propriétaires des terrains ou les maires des communes n’avaient pas fait opposition aux indemnités pour la dépossession des immeubles expropriés pour cause d’utilité publique.
  5. Bornage du terrain : Le service du Génie de la VI région de Corps d’Armée a demandé à un géomètre parisien de procéder au bornage du Terrain Militaire de Etain-Rouvres sur la commune de Rouvres le 14 juin 1938, en présence des propriétaires des parcelles de terrains limitrophe.

L’Armée de l’Air française a occupé le terrain au début de l’année 1939. Le terrain d’aviation fut aménagé en bordure orientale de la Woëvre, avec une piste d’orientation est-ouest. Il s’étendait principalement sur le territoire communal de Rouvres, avec une faible partie sur Étain et une infime sur Amel. Cette orientation était courante en Lorraine en raison de la prédominance des vents d’ouest.

À la déclaration de la guerre en septembre 1939, le terrain était occupé par le groupe de reconnaissance II/22, équipé de Potez et de Bloch. Rapidement, ce groupe a laissé la place à la 73ème escadrille de chasse de la RAF, équipée de Curtis et de Hurricanes. Suite au bombardement du 10 mai 1940, les Anglais ont évacué le terrain.

Lieutenant Etienne Mantoux

Le lieutenant Etienne Mantoux est né le 5 février 1913 à Paris. Après des études de droit, sciences politiques et sciences économiques, il est incorporé dans l’armée de l’Air en 1934 et devient officier observateur dans l’aérostation.

Mobilisé une première fois en 1938, il est affecté à proximité de la frontière allemande au moment où la France entre en guerre. Démobilisé en août de la même année, il prépare un doctorat en droit qu’il obtient avec la mention « très bien » et reçoit l’offre d’une bourse de recherche de la fondation « Rockefeller » lui permettant de poursuivre ses études aux Etats-Unis.

 

En avril 1943, il rejoint la Grande-Bretagne et sert comme aiguilleur du ciel. En 1944, sous le commandement du général Koenig, il obtient de servir au front.

Il y effectue son fait d’arme le plus glorieux. Il décolle, porteur du message du général Leclerc s’adressant aux FFI de Paris : « Tenez bon, nous arrivons », et le largue sur la préfecture de police sous un feu ennemi nourri. Le 29 avril, il reçoit une mission de reconnaissance qu’il ne peut exécuter en avion en raison du mauvais temps. Il décide alors de la réaliser en Jeep. Il sera pris à partie par l’ennemi et son destin y sera tragiquement scellé.

Durant ses trois années au front, le lieutenant Etienne Mantoux a effectué 140 missions de guerre. Cité quatre fois à l’ordre de l’armée, décoré de l’American Air Medal et de la Croix de Guerre avec palme, il est fait chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume.

Le colonel Pierre Meyer, ancien chef de corps du 3e RHC, a choisi ce nom de baptême pour la base le 30 juin 2011.

Historique de la base aérienne d’Etain-Rouvres.

Principal des 6 terrains implantés dans la région (Conflans-Doncourt, Chambley- Hagéville, Mars-la-Tour, Senon –Spincourt, Etain-Buzy), le terrain d’aviation de Rouvres fut réalisé en 1936.

A la déclaration de la guerre en septembre 1939, il était occupé par le groupe de reconnaissance II/22 doté de Potez et de Bloch. Rapidement le groupe de reconnaissance laissa la place à la 73ème escadrille de chasse de la RAF équipée de Curtis et de  Hurricanes.

Les Anglais appelleront la base « the airfield at Rouvres »

Suite au bombardement du 10 mai 1940 les Anglais évacuent le terrain.

Les Allemands arrivèrent à Etain-Rouvres le 15 juin 1940 et prirent possession du site qu’ils agrandirent. la base prendra le nom de « Militärflugplatz Étain-Rouvres » et  » Landeplatz Étain »

Mars 1942 des Dorniers 17 se posèrent sur la piste. 500 à 600 Allemands vivaient à Rouvres pour entretenir le terrain et faire fonctionner l’école de pilotage pourvu de Junker 87 (Stuka).

Début 1944 arrivèrent une cinquantaine de Messerschmitt Me 109, de Focke Wulf, suivi en aout d’une douzaine de Junker 52 qui furent détruit le 9 aout par un raid américain.

Le 31 aout les Allemands minèrent le terrain ainsi que les installations. Le 1er  septembre une unité de la 7ème DB US investit le site  et le 3 septembre une escadrille de chasse ainsi que des Dakotas C47 en prirent possession.

La base prendra le nom de « Etain Air Base ».

Le site connut une activité intense, près de 400 mouvements aériens journaliers  pendant la bataille de Metz. Le génie US entreprit de grands travaux sur la piste en l’agrandissant avec des plaques PSP , ce qui permit à certaines forteresses volantes,  revenant d’un raid sur l’Allemagne,  de s’y poser en piteux état ainsi que la construction d’une tour aux « Clairs- Chêne ».

Puis les avions se firent de plus en plus rare, il ne subsista qu’un hôpital de campagne sous tente et un formidable dépôt de matériel en tous genres. Ces équipements en mauvais état ont été ensevelis  par des bulldozers dans des carrières tout autour de la base.

En avril 1949 la France signa le pacte de l’OTAN.

En 1951 Rouvres devenait une base du Traité de l’Atlantique Nord.

1953 de gigantesques travaux eurent lieu dont  la réalisation de la piste en dur en vue de l’atterrissage d’avions de tous types et la modernisation des installations qui furent au top- niveau pour l’époque. Les premiers avions américains se posèrent en octobre 1955, la base connut une activité sans précédent allant jusqu’ à employer  5000 civils.

1958 le terrain est occupé par le 38ème Fighter Bomber Wing équipé de F86 puis de F100 Sabre

En mars 1966 la France quitte l’OTAN.

Janvier 1968 l’armée française récupère la base par l’intermédiaire du GALDIV 4 et ses Alouettes 3 que lui succèdera le 3ème RHC en 1977 et sera baptisée base « Lieutenant Etienne Mantoux en juin 2011.

Successivement, la base prendra les appellations suivantes:

DD.MM.1937-DD.06.1940 L’aérodrome de Rouvres
DD.06.1940-09.09.1944 Landeplatz Étain
10.09.1944-22.05.1945 Advanced Landing Ground A-82 Verdun
DD.09.1944-DD.05.1945 US Army Air Force Station 393
DD.05.1952-14.03.1967 Étain Air Base  DD.MM.1967-DD.MM.2011 Base ETAIN-ROUVRES                                    DD.MM.2011-AUJOURD’HUI Base Lieutenant-Etienne Mantoux